
Indispensable à la vie en société, l’empathie permet à l’enfant de se décentrer, de se confronter à la fragilité d’autrui. Afin d’apprendre à l’enfant à “se mettre à la place de l’autre” Pierre Bastien, psychologue, recommande de lui faire rencontrer des personnes âgées par exemple, tout en s’assurant de son équilibre émotionnel.
L'empathie, c'est quoi?
Pierre Bastien, psychologue scolaire : “L’empathie, c’est être confronté à la vulnérabilité d’autrui. Quand on met un enfant en contact avec des personnes âgées par exemple, on lui permet et on le pousse à éprouver une émotion. Une émotion constituée par le ressenti à la fois d'une différence mais aussi de l'étrange fragilité d'une personne âgée.”
L’empathie, un sentiment étrange pour l’enfant
Pierre Bastien : “C'est très important : on lui permet de se décentrer, on lui ouvre la possibilité d'entrer dans le mental d'une autre personne au travers de sa fragilité, de sa détresse, de son impuissance. C’est un sentiment tout à fait étrange pour l’enfant qui est souvent pénétré d'un sentiment d'omnipotence.”
Côtoyer des personnes fragiles est indispensable
Pierre Bastien : “Il s'agit de confronter des enfants à la fragilité d'autres personnes : cette fragilité de l'humanité fait partie de la vie. Je pense ainsi à certaines personnes âgées ou handicapées. Oui des enfants peuvent être mis en présence de personnes âgées ou de personnes lourdement handicapées ! Il est nécessaire d'accompagner les enfants quand la communication ne peut s'instaurer mais côtoyer ces personnes fragiles est indispensable.”
Attention : l'empathie, ça coûte aux enfants !
Pierre Bastien : “L'empathie coûte aux enfants… Elle coûte à tout le monde ! L'empathie trouve sa place dans des situations de souffrance, de détresse et celui qui s'y abandonne - souvent parce qu'il sait que c'est le seul moyen de communiquer vraiment et efficacement - n'en sort pas totalement indemne, même s'il en ressort fier de son humanité.”
La priorité, c'est tout de même la vie émotionnelle de l’enfant
Pierre Bastien : “Certains enfants sont très empathiques. Attention, on n'a pas à être un saint qui consacre sa vie aux autres. Il est important que l’enfant vive sa vie, ses émotions, qu’il vive pleinement l'insouciance qui caractérise, quand même, l'enfance. Autrement dit, si un enfant vit avec des personnes fragiles (âgées, handicapées, malades) ou si ses parents ou un enseignant fait le choix volontaire de le mettre en contact avec ces personnes, il ne faut jamais oublier que la priorité c'est la vie émotionnelle de cet enfant. J'ai souvent vu des familles envahies par le drame de la maladie d'un de ses membres au point que l'enfant non-malade n'existe plus, au point où lui-même nie ses besoins.”
Votre enfant est-il empathique ? Racontez en commentaire.