
Comme le soulignent Étienne Choppy, psychanalyste et plusieurs fois grand-père, et Hélène Lotthé-Covo, agrégée de lettres et enseignante en littérature, dans leur essai Petit manuel à l’usage des grands-parents qui prennent leur rôle à coeur : « Si la jeune mère n’a aucune expérience, la grand-mère peut être tentée, au lieu de l’aider, de vouloir s’occuper entièrement du bébé. Elle empêche du coup sa fille d’apprendre à se débrouiller seule et cède à la tentation de jouer à la poupée. » Un écueil à éviter si l’on ne veut pas se voir réexpédiée dans ses pénates par une jeune maman vexée ! À l’inverse, le rôle des grands-parents n’est pas non plus de disparaître et de laisser les nouveaux parents gérer seuls ce minicataclysme, mais plutôt d’apporter « la bonne aide […] qui consiste à décharger la jeune mère de toutes les autres tâches pour qu’elle puisse se consacrer au bébé », expliquent Étienne Choppy et Hélène Lotthé-Covo « ou de se montrer disponibles si les parents leur demandent de prendre le relais le temps d’une nuit ou de quelques heures dans la journée. »
Accepter les nouvelles règles
Pas facile de tenir sa langue quand les grands-parents ont devant eux un enfant qui n’en fait qu’à sa tête ou l’un des parents, submergé, qui s’emporte outre mesure. Et pourtant, Maryse Vaillant, psychologue et auteure de Au bonheur des grands-mères (aujourd’hui disparue), était catégorique : « Les grands-parents doivent apprendre à se taire, à ne surtout pas dire " je te l’avais bien dit ". […] Le rôle d’une grand-mère est toujours second, voire secondaire. Et la moindre des décences, en tant que grands-parents, c’est de tenir compte des codes éducatifs fixés par les parents. » Seule exception qui fait l’unanimité : les séjours chez les grands-parents. On ne saurait exiger qu’ils modifient totalement leurs façons de faire.
D’autant plus que ces différences dans la manière d’éduquer les enfants, qu’elles soient plus laxistes ou au contraire plus fermes (ce qui est plus rare !), sont loin de perturber les petits-enfants, qui les adoptent presque « intuitivement », comme l’ont observé Étienne Choppy et Hélène Lotthé-Covo. « Les enfants savent que ce n’est pas partout ni toujours pareil et ils sont capables de faire la part des choses ».
De plus, des enfants confrontés à plusieurs types de fonctionnement ont toutes les chances d’être mieux armés pour la vie et plus ouverts aux autres. Ainsi, pour Étienne Choppy et Hélène Lotthé-Covo, « il est souhaitable que ces différences existent, si elles ne sont ni trop importantes, ni génératrices de conflits graves entre les adultes ».
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